Si on dit qu’il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, on peut y ajouter, n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Et c’est le cas de ceux qui nous gouvernent et qui ne veulent pas entendre les doléances, ni les cris de colère des habitants de nos compagnes et de nos montagnes.
Ce n’est pas l’envoi de quelques convois de denrées alimentaires et de couvertures en cette période de grand froid et de chutes de neiges qui vont compenser l’absence d’infrastructures de bases dans nos compagnes et montagnes. Je suis de la région d’Assamer (Sud-Est) et plus exactement de Goulmima province d’Errachidia. Il n’y a pas une année où je ne parcours pas les routes qui traversent les monts et longent les vallées du Haut-Atlas Central. Ces routes qui relient les vallées du Ziz, du Ghriss, du Todgha et du Dades. Si le touriste ou le visiteur de passage trouve les paysages magnifiques les différentes couleurs des rochers attrayantes et les jeux de lumières exceptionnels, c’est parce qu’en passant il ne voit que le côté jardin sans rien voir du côté cour de cette region région délaissée par l’administration centrale.
Ce côté cour qui ne peut pas laisser indifférent tout marocain et encore moins un natif de la région. Je ne vais pas décrire l’état des routes ni relever l’absence de centres de santé à défaut d’hôpitaux, ni l’inexistence de maisons de jeunes, de terrains de sports ou de bibliothèques. Ces infrastructures qui vous semblent importantes et nécessaires et qui ne manquent pas dans nos villes, passent au second rang quand on voit l’état et l’isolement de certaines écoles dans nos montagnes. Certaines écoles ne sont constituées que d’une ou deux classes de cours ou deux , trois et quelques fois tous les niveaux sont groupés et d’une autre pièce qui sert de logements pour l’instituteur ou l’institutrice. Des classes construites en préfabriqué avec un toit en plaques (Dimatit) qui peuvent contenir de l’amiante. Des écoles sans mur de clôture et sans petit coin qui peut servir de toilettes aux petits élèves et à leur enseignante.
Pensez au petit garçon ou à la petite fille et même à l’enseignante qui pour faire ses besoins est obligée d’aller s’abriter derrière un rocher avec tout le risque de se faire piquer ou mordre par un insecte ou un reptile !
Cette description qui va vous paraître anachronique avec notre siècle est malheureusement celle de la majorité des écoles isolées de nos montagnes.
Et si le touriste ou le visiteur de passage revient d’une ballade d’Assamer émerveillé par ce qu’il a vu, le fils d’Assamer que je suis, revient le cœur brisé et meurtri en pensant aux petits enfants qui fréquentent ces bâtisses et qui sont désavantages dès le départ dans un Maroc qui se dit égalitaire !
Ainsi va Ghriss
Washington le 15/02/3018
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