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Sans justice, le 8 mars et le jazz n’adouciront pas les mÅ“urs le 09/03/2013 à 12h33

Les trois sujets que je réserve à ma dernière chronique des USA sont :

-         Le jazz des pauvres

-         La Journée ou la nuit de la femme ?

-         La justesse de la justice

 -   Le jazz des pauvres

Même la musique qui est universelle, ne bénéficie pas du même soutien et des mêmes avantages partout dans le monde., Je ne prendrais comme exemple que le cas du jazz et du gnawi qui sont toutes les deux des musiques originaires de l’Afrique et qui traduisent la souffrance des esclaves noirs qu’on avait arraché à leurs terres natales pour aller travailler dans les plantations de coton ou servir leurs maitres blancs.

Et pourtant si les complaintes des chants et leurs paroles ont su gardé leur messages et presque le même rythme ; l’une a connu un rayonnement et une reconnaissance mondiale alors que le l’autre se bat pour frayer un petit chemin pour ne pas sombrer dans l’oubli.

L’une est jouée avec des saxos, des cuivres et une batterie, l’autre continue à se servir de vieux « dendoum » fait d’une peau de vache et de tikarkachine (castagnettes) fabriquées par un des forgerons de la région !

Les uns habillés en costards jouent leur musique dans des salles de concert devant des centaines de personnes qui ont payé leurs places pour les écouter, les autres habillés de leurs gandouras et portant une ceinture en laine colorée jouent  sur les places publiques où  poussière et bruit font partie du décor

Les premiers sont arrivés à adapter leur musique et transcrire en solfège et produisent des poèmes et des chants pour l’accompagner, les seconds n’ont que leurs danses leurs chorégraphies et leur agilité pour accompagner les sons de leurs instruments restés rudimentaires

Je dirais pour terminer, que si actuellement le jazz est joué par des musiciens professionnels, tagnaouite est restée populaire et on n’a pas besoin d’être un professionnel pour danser, la preuve : mauvais danseur que je suis, j’arrive à suivre le rythme avec  « issamkhane » de chez-nous.

 Journée ou nuit de la femme ?

08 mars, journée mondiale de la femme, 10 octobre Journée nationale de la femme que faut-il encore inventer pour esquiver et ne pas regarder les choses en face.

Oui, il faut que les femmes et les hommes aient le même droit à l’instruction, à la santé à l’emploi.

Oui il ne faut pas non seulement être contre la violence des femmes mais punir sévèrement leurs auteurs.

Oui il faut assurer aux petites filles le droit d’aller à l’école et non d’aller travailler comme bonnes chez des familles aisées qui exploitent leurs situations et leur ignorance et compromettant leurs avenirs

Tout ça est juste et méritant. Et c’est vrai que la femme doit bénéficier de tout ce dont l’homme bénéficie. Mais il me semble qu’il y a plus urgent et plus important que ça.  Il faut que la femme soit libérée et débarrassée de ces tabous qui l’empêchent de vivre sa vie de femme comme elle l’entend et comme elle le veut.

De nombreuses femmes dans nos campagnes ignorent tout de leur corps et de leurs droits de femmes. Elles subissent plus qu’elles ne participent. Certaines enfantent sans jamais vivre ni connaitre et encore moins partager le plaisir de la relation intime avec leurs maris. Les Tabous écrasent les femmes, aidons les à prendre en main leurs destin. Nous y gagnerons tous !

 La justesse de la justice

Personne n’est censé ignorer la loi ! C’est vrai, mais lorsque la loi elle-même est insensée, comment faire pour la comprendre et encore moins l’admettre.

Je suis un ancien cadre du Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH). J’ai exercé durant 14 dans cet établissement bancaire mais depuis que j’ai commencé à écrire je n’ai jamais voulu dire un mot sur les nombreuses affaires que cet établissement bancaire a connues.

Ces affaires étant devant la justice, c’est donc à elle de faire des investigations nécessaires pour premièrement connaitre ce qui s’est passé et puis en second lieu prononcer ses verdicts.

Mais quelquefois le poids de l’incompréhension est tellement pesant que ça devient difficile de ne pas s’exprimer et extérioriser son malaise.

Si je décide d’écrire ces quelques lignes sur le cas de Mr Alioua  ex-PDG de l’établissement ce n’est point pour le défendre ni le culpabiliser, mais pour dire tout simplement que je trouve anormal, qu’on garde un homme sous les verrous autant de mois sans qu’il soit jugé.

Faut-il vraiment tous ces jours, ces semaines et ces mois pour instruire un dossier ?

Et si demain, la justice prononce un non-lieu, peut-on évaluer le préjudice causé à la personne, à ses enfants et à sa famille ?

Je ne suis pas juriste, mais j’use du bon sens, surtout j’ai eu l’occasion de connaitre de près ce que certaines familles de mes collègues ont vécu lorsque ces derniers étaient retenus pendant des mois dans la prison de Salé dans l’affaire dite de Zahidi (ex PDG également du CIH), et qui après plusieurs mois d’emprisonnement ont été relâchés et avaient regagné leurs postes dans la banque. Certains de ces collègues ne se sont jamais remis de ce qu’ils avaient vécu en prison ; et leurs enfants ont été certainement marqués  aussi

J’écris ces quelques lignes pour exprimer la peine que j’ai ressentie en voyant Mr Alioua très attristé pendant les funérailles de sa mère. Car même si mes relations avec lui au CIH n’étaient pas des meilleures, il reste un homme qui avait de nombreuses qualités. Que Dieu protège notre roi qui a permis à  Mr Alioua de jeter un dernier regard sur la dépouille de sa maman avant qu'elle soit mise sous terre.

Ainsi va Ghriss

Washington le 09/03/2O13

 

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