Après les élections législatives de nombreuses personnes pensaient que la prise du pouvoir par le PJD (Parti de la justice et du développement) va se traduire rapidement par une amélioration de la situation économique et sociale du pays, ils oublient que toute amélioration dans n’importe quel domaine passe par une phase transitoire de redressement et que même cette phase de redressement, si on veut s’assurer de la réussite du redressement, doit obéit au respect de certaines règles.
Je ne vais pas m’étaler avec détails sur ces règles et ces étapes, je me contenterais de rappeler les quatre règles que les spécialistes en organisation regroupent en un seul mot « ORAC »
O, pour Observations (Diagnostic et recherche des causes)
R, pour, Réflexions (Recherche des solutions et des actions correctives)
A, pour, Action (Mise en application des actions correctives choisies)
C, pour, Contrôle (Contrôle de l’efficacité des actions et s’assurer que l’objectif est atteint)
Chacune de ces quatre étapes est cruciale. Et leurs durées doivent être optimisées. Pas de précipitation et de décisions hâtives et pas de lenteur ni de laxisme non plus!
La première difficulté pour le gouvernement de Mr Benkirane est de trouver une « rustine » pour arrêter la dégradation de la situation économique du pays tout en actionnant la phase de redressement dont la première étape consiste à observer et à faire l’inventaire et le diagnostic de tous les disfonctionnement exixtants.
Le mérite de ce gouvernement est de rompre avec l’attitude et le silence des gouvernements qui se sont succédés et qui continuaient à nous dire « Tout va bien madame la marquise, alors que l’écurie brulait » !
Ne savait-on pas que le ver est dans le fruit ou comme on dit chez-nous que « la fourmi était dans la fève » , lorsqu’on se hasardait à dépenser et non à assurer un meilleur placement aux cotisations patronales et des employés versées à la CNSS ?
La construction des polycliniques de la CNSS, des ensembles immobiliers cédés aux amis et aux amis des amis à des prix plus qu’avantageux et la construction de la maison de l’assuré à Casablanca (qui est plutôt son gouffre que sa maison !)
Ne savait-on pas qu’on compromettait l’avenir des retraités qui cotisaient durant toute leur vie active lorsqu’on plaçait leurs cotisations et celles du patronat avec des taux a peine supérieurs à 4% alors que le coût de l’argent dépassait les 12% ?
Aujourd’hui, le gouvernement de Mr Benkirane est au pied du mur. Le temps presse et les caisses de retraite continuent à se vider.
A-t-il un autre moyen de les renflouer à part celui de retarder l’âge de départ à la retraite et d’augmenter le taux des cotisations patronales et des employés ?
C’est le chemin le plus court. Et c’est la même approche que font de nombreux pays lorsqu’il s’agit d’équilibrer un budget en période de crise. On procède par relèvement du taux d’imposition des salaires ! c’est plus simple et on se casse pas trop la tête à trouver autre chose.
Seulement les pays qui adoptent cette méthode ne sont pas dans la même situation que le Maroc, où lataille de l’activité informelle est ci grande. Au Maroc l’informel emploie plus de 2 millions de personnes et génère un chiffre d’affaires de plus de 280 milliards de DH.
Le fait que cette activité échappe au fisc, l’encourage et la fait croitre plus vite que l’activité réglementée.
Si à ce secteur d’activité, vous y ajoutez toute l’activité libérale, dont les patrons ne déclarent au fisc que ce qu’ils veulent (certains patrons déclarent des revenus à peine supérieurs à ceux d’un smicard !), on comprend le manque à gagner qui passe sous la barbe de l’administration des impots.
Pour une équité fiscale, le gouvernement de Benkirane doit s’attaquer aussi à cette injustice où ceux qui sont honnêtes ou ceux dont les retenues se font à la source sont les plus pénalisés. Sans prendre trop de risques, je dirais que si les deux millions de personnes qui travaillent dans l’informel et les entreprises qui les emploient cotisent à la CNSS, la situation ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Peut-être même qu’on pourrait faire baisser le taux d’imposition qui est de 44% pour les hauts salaires et relever le seuil de non-imposition pour les salaires moyens !
Parlant de retraite, il faut aussi oser prendre le taureau par les cornes et ne pas hésiter à prendre des décisions impopulaires si on veut redresser la situation de ces caisses. Il est plus qu’anormal qu’un parlementaire, touche pour législature de 5 ans, une retraite plus de trois supérieure à celle d’un ouvrier ou employé qui a travaillé plus de 40 ans !
De même pour certains métiers dont la durée active doit être revue à la hausse. Pourquoi dans certains métiers dont la pénibilité n’est pas démontrée, accorder la retraite à 50 ans ? Je ne vous dis pas ça pour qu’on vienne me mettre un béret sur la tête !
Et puis ces caisses qui ont cumulé des actifs et des fortunes avec les cotisations des travailleurs, ne doivent-elles pas être les premières à mettre la main dans la poche ?
La conjoncture est certes difficile, des décisions courageuses qui seront quelquefois douloureuses seront nécessaires. Mais plus nécessaire encore serait l’équité dans l’effort, sans oublier de demander des comptes à ceux avaient failli à leur devoir de gérer les cotisations des employés en bons pères de familles !
Ainsi va Ghriss
Washington le 19/01/2013
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