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Le comportement bizarroïde des Ghrissois le 11/08/2012 à 19h15

Avant que Goulmima dispose d’un collège puis d’un lycées, les élèves admis au secondaire partaient poursuivre leurs études à Ksar-Es-Souk (Errachidia) et après trois années au collège Sijilmassa, ils partaient faire le second cycle à Azrou, Fès ou Meknès selon la branche d’études qu’ils poursuivaient.
J’ai fait partie de ses élèves donc qui étaient obligés de quitter leur contrée natale et de se retrouver dans des milieux qui leur étaient inconnus pour ne pas dire hostiles.
Mais le problème d’adaptation ne s’était jamais vraiment posé pour nous. Nous formions notre groupe, nous nous entraidions, nous nous conseillons, bref nous étions des camarades de classes, des copains et des amis. Que nous soyons  originaires de ksars différents de notre oasis, que nous appartenions à des ethnies différentes, cela ne nous a jamais posé de problèmes. Nous étions Ghrissois et  l’esprit de solidarité nous habitait tous.
Cet esprit de solidarité ne nous a pas quitté lorsque nous avions entamé nos vies actives et que nous nous trouvions dans une même ville de notre pays. J’ai vécu cette solidarité, dans les villes où j’ai eu l’occasion de travailler, tout d’abord à Casablanca, puis à Marrakech et après à Agadir.
Cette solidarité que vit la diaspora ghrissoise et dont le catalyseur était notre appartenance à Goulmima, disparait curieusement lorsqu’on vit à Goulmima. Des groupes par ethnies, par ksars se forment. Tel café est presque réservé exclusivement a tel ksar et le café d’à coté à telle ethnie. Cette situation ne semble gênée personne excepté peut être l’auteur de ces lignes qui ne comprend pas pourquoi ce sassage et ce repli sur soi, qui pour moi ne sont pas loin d'être des comportements ségrégationnistes ?

Me revient à l’esprit l’histoire d’un sultan surnommé « Saltane Laqhal » (le Sultant noir). Ce sultan avant de venir planter son camp à "Tifounassine", avait passé des mois à Meski entre Errachidia er Erfoud. Il avait un troupeau de bovins qui pâtissaient tranquilement dans les environs de la  (source bleue). Voyant l’abondance de l’herbe à Mazlaghade (nord de Magamane), le sultan ordonna à ses bergers de ramener son troupeau à Tifounassine. Ce qui fut fait sur le champ. Quelques semaines après l’arrivée du troupeau, les bergers vinrent trouver le sultan pour lui annoncer que les taureaux passaient leurs temps à se battre au lieu de paitre !
Ne comprenant pas ce comportement bizarre de ses bovins, le sultan ordonna que le troupeau soit reconduit à Meski.
A Meski, les bergers furent surpris par le calme et l’envie de paitre en groupe sans se battre, que les taureaux ont retrouvée. Ils informèrent le sultan de ce changement.  Le sultan fit venir « Ihfa ichwa » l'homme le plus rusé de Ghriss, et lui demande de lui expliquer le comportement changeant de son troupeau ?
Comme toute réponse, Ihfa répondit :
Koulchi ila g’amane n’tamda n’massaoud à Moulay !
(Tout est dans l’eau de la source de Tamda n’Mas3oud seigneur !
Est-ce que l’explication de ce comportement bizarre des gens de Goulmima n'est causé par le fait de boire l'eau de cette source de Tamda N'Mas3oud ?

Ainsi va Ghriss

Goulmima le 11/08/2012

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