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Le printemps maghrébin le 22/10/2011 à 09h15

Je ne dis pas printemps arabe pour la simple raison que mon propos se limitera aux cas des cinq pays du Maghreb. Je ne prétends pas être politologue ni un expert dans la politique maghrébine, mais cela ne m’empêche pas de faire part de ma modeste analyse même si elle reste superficielle.
De toutes  façons, à voir où nous ont emmenés les pros de la politique, un bleu dans le domaine comme moi ne peut faire que mieux ! Voilà pour mon introduction. 

Je commencerais mes propos par la Mauritanie, pour dire que ce pays peut éviter d’être touché par le vent de la contestation si le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz arrive à faire aboutir le dialogue que la coordination de la majorité présidentielle et quatre partis de l’opposition ont entamé. Si les négociateurs arrivent à un accord sur les points mis sur la table de négociation et qui tournent autour du renforcement de la démocratie, de l’alternance démocratique, de la place de l’armée, de l’unité nationale. Etc. On peut dire que sauf imprévu, le risque d’un soulèvement populaire dans ce pays frère sera très minime pour ne pas dire improbable. tout dépend donc de la doigté et de l'habilité politique du président Ould Abdelaziz. 

Au Maroc, le roi a répondu à la demande de sa jeunesse en procédant à la révision de la constitution et  à la mise en chantier de plusieurs réformes qui vont dans le sens de la demande de la rue.
Ce qui fait défaut et qui risque de faire trainer la concrétisation sur le terrain de ces réformes voulues par le souverain, n’est autre que le temps nécessaire pour la mise à niveau de la population de base et l'assimiliation de ces nouvelles réformes. Les partis politiques qui devraient assurer l’encadrement des populations ont failli dans cette mission qui est la leur.
Un taux de participation bas lors des prochaines élections législatives reste une crainte qui préoccupe les autorités et les partis politiques. Ces derniers malgré leurs frequentes interventions dans différents médias ne bénéficient toujours pas de la sympathie de beaucoup de cadres et surtout des jeunes qui les accusent de leur avoir « volé » leur « révolution ».
Un taux de participation bas aux prochaines élections lègislatives risque d'être le grain de sable qui enraillera le rouage des reformes et qui de nouveau déclenchera les manifestations de rues.
Seul un appel royal pour une participation massive aux élections peut sauver la situation et éviter aux partis politiques de perdre la face et d’être de nouveau discrédités. 

Le cas de l’Algérie est particulier. Depuis la disparition de Boumediene, les présidents qui se sont succédés ne sont  que des présidents de façade. Le pouvoir est détenu par l’armée et ses généraux. Exception faite pour le Président Boudiaf qui a payé de sa vie son désire de se libérer des griffes de la grande muette.
Cette situation fait que tout soulèvement de la population contre le régime risque de mettre directement en confrontation la population et l’armée. Ce qui serait une vraie tragédie pour le pays. Car si en Tunisie et en Lybie le pouvoir a été détenu par un dictateur, en Algérie c’est une institution toute entière qui joue le rôle de dictateur. Croisons les doigts pour que ce pays voisin ne connaisse pas une telle éventualité.
La grande épreuve pour l’Algérie sera l’après Bouteflika dont la santé n’est plus solide. Le peuple algérien va-t-il encore une fois se soumettre à l’homme qui sera désigné par les militaires ou osera-t-il se révolter et descendre dans la rue ? This is the question ! 

La  Tunisie elle a déjà vécu sa révolution. Même si la situation n’est pas totalement stabilisée, les choses vont dans le bon sens malgré quelques dérapages. Le niveau intellectuel des tunisiens sera un atout pour sortir du désordre postrévolutionnaire et faciliter la mise en place et l’assimilation des nouvelles réformes.
Le Président Benali qui avait destitué Habib Bourguiba, père fondateur de l’indépendance tunisienne et  auteur de l’émancipation de la femme tunisienne n’a pas su conduire le pays dans la voie du développement et du progrès. Il a fait prendre à son pays un virage de 180°en le transformant en une dictature impitoyable pour ceux qui n’adhèrent pas à sa politique et qui ne partagent pas sa manière de gouverner. Il écoute plus Leyla Trabelsi son épouse que les doléances de sa jeunesse et de ses chômeurs.
Lui aussi a succombé à la maladie du pouvoir et n’a pas su tirer ses marrons du feu à temps. 

La situation la plus compliquée est celle de la Lybie. L’élimination physique de Kadhafi fera certainement cesser les combats entre les combattants du CNT et les partisans du colonel mais ne mettra pas rapidement un terme à la pagaille que va vivre le pays.
La Lybie vu ses richesses pétrolières, aurait pu être le « Dubaï » de la méditerranée  si Kadhafi avait su gérer en bon père de famille ces richesses. Le pays a été laissé sans infrastructures de base et sans institutions politiques dignes d’un pays en voie de développement. Malgré le petit nombre des habitants du pays, la population libyenne reste la moins évoluée de tout le Maghreb.
Le salut de la Lybie ne peut venir que par l’implication des pays occidentaux notamment la France, le Royaume Uni et les USA, à aux cotés des nouvelles autorités libyennes pour assurer la transition et démarrer la construction du pays.
De tous les présidents arabes, Kadhafi est le plus atteint par la maladie du pouvoir. Il en est tellement affecté, qu’il a fini par payer sa ténacité de sa vie et mis en péril celles de ses enfants tout en compromettant l’avenir de ses petits enfants qui vont vivre en tant qu’exilés dans des pays qui ne sont les leur. Son irrationalisme l’a conduit à sa perte. Je m’arrete là car notre saint Coran nous recommande  ne pas dire de mal d’une personne décédée. Je me contenterais de citer un proverbe bien de chez nous qui dit : « Lorsque le bon Dieu veut torturer une fourmis, il l’a dote d’ailes ».
Kadhafi s’est tout permis. Il s'est même attribué le titre de «roi des rois africains. Mais, lorsqu’on est atteint par la folie des grandeurs, on peut tout se permettre quitte à être la risée de tout le monde.

Pour conclure, je dirais que les pays du Maghreb sont comme tous les autres pays arabes, certains vivent leur printemps et voient leurs arbres fleurir, d’autres sont encore en période hivernale et attendent le dégel. Quant aux derniers ils restent encore soumis au gré des vents d’automne qui font « chuter » les vielles feuilles de leurs chênes les unes après les autres. 

Ainsi va Ghriss

Washington le 22/10/2011

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