Il y a plusieurs mois j’avais réservé une de mes chroniques à ce qui a été un grand événement politique en son temps, à savoir la création par Fouad Ali El Hima du PAM (Parti de l’Authenticité et de la Modernité) et j’avais avancé que l'implication de l'ami du roi n'est qu'un remake de la période Osman au temps de feu Hassan. Je dois reconnaître que même s’il y a similitude dans la démarche entre l’implication dans domaine politique puis la création d’un parti politique d’Ahmed Osman et Fouad Ali El Hima, tous deux proches du palais, les buts visés diffèrent.
Pour Osman c’était pour briser (avec l’appui du Makhzen) l’arrogance de certains leaders des partis d’opposition qui pensaient être les seuls à représenter le peuple. Le coup était bien étudié et bien exécuté, puisque les SAP (Sans Appartenances Politique) transformés après en RNI (Rassemblement National des Indépendants) se sont retrouvés majoritaires au parlement et Ahmed Osman Reconduit en tant que premier ministre.
Pour ceux qui ne se rappellent pas de cette phase de l’histoire de notre pays, je rappellerais que suite aux élections législatives de 1977, un groupe de parlementaires composé de 167 députés au sein de la chambre des représentants constitué d'élites économiques et intellectuelles et sans appartenance politique avait lancé une réflexion collective en vue de créer un nouveau courant politique plaidant pour l'instauration d'une démocratie sociale. En octobre 1978 soit une année plus tard, ce groupe créa officiellement le Rassemblement National des Indépendants (R.N.I) sous la présidence de Ahmed Osman.
Je rappelle aussi que parmi les fondateurs de ce nouveau parti figurait comme par hasard un certain Mohammed Haddou Chiguer, qui était juste avant les élections, ministre de l’intérieur (1973-1976).
Avec Fouad Ali El Himma, même si demain il a de fortes chances d’être nommé premier ministre, je pense que son implication dans la politique avait un autre but que celui d'Ahmed Osman. Car si pour l'équipe Osman le but comme je l'ai dit plus haut était d'instaurer une démocratie sociale, pour El Hima le but est de moraliser le champ politique et surtout les partis.
Devant l’indifférence si ce n’est le rejet des jeunes et des cadres des agissements des dirigeants des partis politiques dont le nombre d’adhérents décroît d’année en année alors que la population augmente, il fallait agir vite en moralisant le champ politique avant d’arriver à une situation ou les partis ne seraient que des coquilles vides (certains le sont déjà) !
Ceux qui sont là-haut, en bon stratèges, ont commencé par créer une association qui s’est transformée par la suite en parti politique mais en prenant soin que es membres de cette association soient bien choisis. C'est ainsi que les personnes approchées représentaient soit des gens qui ont bien réussi dans leur vie professionnelle, ou des technocrates pas trop politisés qui avaient claqué la porte aux partis auxquels ils appartenaient des que Mr El Hima les avait appelés.
Jusque la, c’était bien joué puisque de nombreuses personnes ont adhéré au nouveau parti, mais ce n’était pas suffisant pour gagner les élections car ces technocrates n'étaient pas des locomotives pour drainer des gens lors des élections.
On s’est rendu compte qu’a la campagne et dans certaines régions les notables et certaines personnes dont le parti ne voulait pas au départ ont leur poids auprès des électeurs. Ce qui a poussé, je pense les patrons du PAM à revoir leur copie et accepter les candidatures de ces notables sous le signe du tracteur même si leurs passés n'étaient pas aussi clean que l'aurait souhaité le patron du PAM.
Mr Ali El Hima et son équipe se sont rendu compte que la construction d’une autoroute ne fera pas gagner du temps aux charrettes qui l’empruntent. Et chez nous, le parc du domaine politique comprend plus de charrettes que de voitures et encore moins de voitures de course !
La suite me diriez-vous ?
Faute de ne pas pouvoir les interdire, on va permettre aux charrettes de continuer à circuler tout en se gardant de les entretenir. Elles seront remplacées au fur et a mesure de la "production" de voitures neuves et de compétition.
Cette phase transitoire prendra une ou deux législatures et si le PAM garde le cap de la moralisation de la politique, les vieux partis seront comme les tambours des Gnawas, ils ne feront danser que ceux qui les tapent.
Si aucun des partis existants n'arrive pas à faire sa révolution et se moraliser pour faire de l'opposition au PAM, il est fort probable qu'une autre personnalité du même calibre que Mr El Hima se lancera dans la politique pour créer un second parti clean qui avec le PAM donnera au paysage politique marocaine le bipolarisme, tant souhaité.
En attendant les élections de 2012 pour s’emparer du pouvoir, après que ses députés soient issus des urnes et non récupérés des autres partis, le PAM va-t-il se contenter d’observer tout en consolidant ses bases, ou va-t-il se jeter dans le bourbier politique actuel en poussant ses députés à voter une motion de censure contre l’équipe Abbas? C’est la question qui reste posée et dont nous n’aurons la réponse que dans quelques semaines.
Ainsi va Ghriss
Casablanca le 20/06/2009