Voilà à peine un peu plus de deux semaines que j’ai quitté le pays et je commence déjà à ressentir le manque du bled. Et pourtant, même à des milliers de kilomètres du Maroc, grâce à l’Internet, je suis tout ce qui se passe de l’autre cote de l’atlantique. La presse en ligne et les diverses radios captées permettent de s’informer de tout ce qui se passe au Maroc.
A Washington, les musées, les galeries ne manquent pas et les entrées sont gratuites, les jardins et les parcs sont bien entretenus et les rues sont propres, les automobilistes sont plus que respectueux envers les piétons. Les gens sont cool et chaleureux. Prendre un bus ou le métro ne donne lieu a aucune bousculade et c’est avec beaucoup de respect que les personnes avant de monter et de franchir les portières de ces véhicules attendent que la dernière personne soit descendue.
La neige et le froid ont cédé la place à la douceur printanière. Les 3000 cerisiers offerts par le Japon en 1912 aux Usa qui entourent l’étang du mausolée de Georges Washington commencent à fleurir. Il ne manquerait plus qu’à fêter la coutume du "hanami" (hana) désignait la fleur de cerisier) en allant festoyer sous ces arbres fleuris.
J’espère pouvoir assister cette année au National Cherry Blossom Festival, dont la 97e édition aura lieu du 28 mars au 12 avril 2009 (avec une parade le 4 avril).
Depuis mon arrivée, je me suis promené sans être obligé de porter sur moi mon passeport ou ma carte d’identité chose que je n’oublie pas de faire à Agadir.
La seule fois qu’on m’a demandé de présenter un document d’identité, c’est lorsque que j’ai voulu pénétrer dans une caserne militaire, les gardes m’ont expliqué avec beaucoup de gentillesse que la visite du fort ne pourra pas se faire sans la présentation de l’ID (Identification Document).
Durant ces premiers quinze jours, j’ai eu des journées pluvieuses et d’autres bien ensoleillées et pourtant quelque chose me manque !
Peut être que le manque serait moins ressenti si les gardes de la caserne ou le seul agent qui sirotait tranquillement son café devant les grilles de la maison blanche en me voyant assis devant la demeure de l’homme le plus puissant du monde, m’avaient crié :
Rja3 lor, fine Ghadi nta ? Ou qu’en prenant le bus, j’entendis fuser des obscénités de tous genres comme chez-nous
Cette situation m’a rappelé l’histoire de ce français qui a séjourné deux semaines au sein d’une famille marocaine du sud, Le roumi au bout de quelques jours devient accro du thé à la menthe que préparait son hôte après chaque repas. La veille de son départ, il demanda a son hôte de lui transcrire avec précision sa manière de préparer le thé et insista pour acheter les ustensiles identiques pour s'assurer de réussir sa recette, mais comme il fallait attendre le jour du souk pour pouvoir acheter les mêmes ustensiles, le Marocain emballa dans un carton tous ses ustensiles y compris le « mejmar » le rabouss, le thé vert « al kafila » et un pain de sucre de la Cosumar et les remit à son invité . Et c ‘est ainsi que le Parisien quitte le Maroc ravi de pouvoir continuer à savourer son thé chez lui.
Une année après lors d’une seconde visite au Maroc, le Français tout déçu dit à son ami marocain que malgré ses plusieurs tentatives et le respect à la lettre da la façon de préparer, il n’a jamais réussi à préparer le même thé que lui.
Le Marocain fut étonné et pour s’en assurer demanda au parisien de préparer le thé devant lui. On ramène donc le brasero (mejmar). Le rabouss et tout ce qu’il faut.
Le Parisien avant de mettre dans la théière la poignée de thé vert rinça avec beaucoup d’insistance la théière, ce qui fit réagir le Marocain et qui lui dit :
- C’est ça ton erreur dans la préparation cher ami. Trop de propreté diminue le goût ! Et puis c’est bien un dicton de chez-vous qui dit : "c'est dans les vieilles marmites qu'on prépare de la bonne soupe ! " Contente-toi donc de rincer la théière et laisse les bonnes bactéries faire leur travail.
A vous de faire le rapprochement, quant à moi je me contenterais pour conclure de dire que finalement, la réplique que le douanier m’a faite et qui m’avait déplu en quittant le Maroc, n’était pas si méchante que ça, même si après avoir dévoilé ma fonction à son collègue qui se tenait a quelques mètres de lui, il s’était adressé à moi en me disant «mabrouk la3wacher »d’un ton qui m'a fait comprendre ce que sa phrase voulait dire.
Ce genre de réflexions ne doit plus nous surprendre, car il a fini par faire partie de notre quotidien
Ainsi va Ghriss
Washington le 28/03/2009