Depuis fort longtemps, à chaque fois qu’on parle de notre pays, on dit que c’est un pays à vocation agricole.
C'est vrai que déjà pendant les années soixante, nos responsables disaient que le Maroc atteindra dans quelques années son autosuffisance alimentaire. Il faut reconnaître que quelques années avant notre pays produisait assez de blé et se permettait même d'avoir un excèdent en maïs qu’il exportait vers un pays voisin !
La création en 1966 des ORMVA (Office Régional de mise en Valeur Agricole) qui avaient remplacé l'ONI (Office National de l'Irrigation) avaient comme objectif l'application de la politique agricole du royaume surtout après l'orientation prise par le Maroc relative à la construction des barrages. Il est vrai que des efforts ont été déployés dans certaines régions dans le domaine de l'irrigation et les résultats ont été plus que suffisants au lancement de cette réforme. Je ne citerais que le cas de l'industrie sucrière qui a permis au Maroc qui importait 100% de son sucre brut à produire 45% de ses besoins, grâce a la plantation de la canne et de la betterave sucrières. les régions du Gharb, du Tadla, des Doukkala, de la Moulouya et du Loukos pour ne citer que celles qui avaient connu un développement extraordinaire.
Ce développement s'est ralenti lorsqu’il a été décidé vers les année soixante-dix de supprimer à ces établissements la subvention de état en leur demandant de couvrir leurs budgets de fonctionnement et les dépenses relatives à la construction des ouvrages d’irrigation par les redevances d’eau que paieraient les fellahs.
Peut être que cette autonomie financière qu’on a exigée des ORMVA qui était pour beaucoup dans ce ralentissement des réalisations des équipements et des systèmes d’irrigation. Ceci étant, je signale que chaque office employait entre 600 et 1200 personnes, ce qui représente en frais fixes, une charge assez importante pour ne pas dire très lourde, transformant ainsi ces offices en gouffres qui dépensaient plus qu’ils produisaient. Plusieurs fortunes s’étaient aussi construites à travers quelques uns de ces établissements au dépend du contribuable, mais le cas n’était pas spécifique aux seuls offices.
Au problème évoqué plus haut, est venu s’ajouter celui de la SODEA et de la SOGETA. Ces deux sociétés étatiques créées dans les années 70 à l’occasion de la réforme agraire avaient pour mission, pour la première de gérer des terres non irriguées et de s’occuper, en plus de la gestion des terres plantées, de la production, la transformation et le conditionnement des agrumes et primeurs destinés en partie à l’export. Quant à la deuxième, elle était chargée de gérer les terres non irriguées.
Pour ces deux sociétés, je me contenterais de dire qu’avant la récupération de ces terres des colons à qui elles appartenaient et leur mise à la disposition des deux sociétés, ces domaines permettaient à leurs propriétaires de vivre comme de petits rois.
J’ai personnellement connu un domaine non loin de Meknès dont les amandes étaient exportées au Japon. L’ingénieur agricole qui gérait ce domaine veillait sur la bonne marche de sa ferme, le choix des cultures n’étaient pas fortuit il savait utiliser les « synergies » et la complémentarité des cultures et des plantations. A titre d’exemple au centre de ses dix hectares d’amandiers il avait aménagé une surface où il avait installé plus deux cents ruches ; ce qui lui permettait d’avoir d’une part une bonne pollinisation des arbres par les abeilles et d’autre part, une grande production d'un miel d'une excellente qualité.
Vous savez tous aussi bien que moi comment s’est terminée l’histoire de ces deux sociétés étatiques ! Elles étaient passées d’une situation de fermes productrices de profits avant que l’état les récupère à une situation où c’était le contribuable qui mettait la main dans sa poche chaque année pour résorber leurs déficits !
Mon grand-père qui n’avait que « krade yigrane » (3 champs) mais auxquels il tenait beaucoup disait souvent « 3ti Larde Ta3tiq ». (Donne à la terre, elle te donnera). Pour ces deux sociétés étatiques auxquelles appartenaient plusieurs domaines agricoles, de nombreux gérants se donnaient et oubliaient de donner à la terre !
Maintenant que la cession des terres appartenant à la SODEA et à la SOGETA a été effectuée au profit du privé, je ne sais pas comment ça marche au niveau du département qui pilote l’activité agricole de notre pays, et quelle est la mission assignée actuellement aux différents offices.
Ont-ils dans leurs stratégies l’assistance, le conseil et l’accompagnement de nos fellahs ou non ?
Conseille-t-on aux fellahs de cultiver des produits à fortes valeurs marchandes ?
C’est vrai qu’il y’a quelques années les prix des bananes à l’importation était élevé et justifiait sa production localement, mais maintenant que le prix facturé aux importateurs est de moins de deux Dirhams franco ( FCT), faut-il encore continuer à planter des bananeraies sous les serres?
Ne doit-on pas conseiller et orienter nos fermiers pour produire des fruits et des légumes plus rentables ou que notre pays importe au prix fort ?
L’olivier, le palmier dattier, le maïs, le soja et bien d’autres cultures rapporteraient plus que certains produits qu’on finit par donner au bétail faute d’acquéreurs ou par surproduction !
Je ne vais pas trop m’étaler sur le sujet pour la simple raison que je ne suis q’un profane en la matière. De nombreux lecteurs du forum qui avaient l’occasion d’exercer de hautes responsabilités dans le département de l'agriculture connaissent mieux le sujet que moi et vont certainement réagir et prendre le relais pour rectifier ou donner plus de précisions.
Moi, je n’ai fait que lever le lièvre (Ahhiyah), maintenant c’est aux vrais chasseurs de le tirer sans toutefois me viser.
Mais si par hasard je prends quelques plombs aux fesses, je ne en voudrais pas, je considérerais ça comme faisant partie des risques du métier.
Ainsi va Ghriss
Agadir le 14/02/2009