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NOS PARENTS, ETAIEN T-ILS DES RESISTANTS OU DES INSOUMIS ? le 26/12/2009 à 14h24

Dans une de mes chroniques précédente (QN AMGLAGAL.doc), j’ai soulève l’événement connu sous l’appellation de la bataille d’Amglagal en posant la question pourquoi cet événement est occulte aussi bien par les autorités que par nous même.
Je suis allé même jusqu'à nous culpabiliser, nous les habitants de Ghriss en écrivant: "Si nous même, nous oublions notre histoire, pourquoi reprocher aux autres de l'oublier".
C’est pour cette raison qu’à la veille de la commémoration du 79eme anniversaire de cette bataille, je tiens à rappeler certains faits historiques qui sont en rapport avec cet événement.

- Au mois d’avril 1908 l’armée française sous le commandement du Général De Vigny occupe Boudnib.
- En 1924 l’armée française s’installe à Tarda à 36 km de Goulmima
- Le 30 août 1929 eut lieu la bataille d’Amglagal.
Sur les 130 soldats de l’armée française qui patrouillaient dans les environ de Goulmima, 126 furent tués et seuls 6 soldats arrivèrent à regagner Tarda sous la poursuite des Imssayfen.
Mr Yves Hubert qui faisait partie de ces légionnaires survivants s’est installé à Goulmima quelques années après et occupait un poste dans l’administration coloniale.
Il faut dire que cette colonne de l’armée française qui a été décimée à Amglagal ne se dirigeait pas pour prendre Goulmima, mais elle poursuivait les insurgés de la tribu des Ait Hammou de Talsinte (Ait Chaghrouchen) qui s’étaient réfugies entre Ksar-es-Souk (Errachidia) et Goulmima âpres l’occupation de Talsinte
Cette colonne fut surprise par un Groupe d’Imssayfen (nomades des Ait Herro et Ait Aissa Izm) à Amglagal et qui avaient ce jour là une grande chance, celle de toucher avec les premières balles qu’ils avaient tirées, les officiers qui commandaient cette colonne, ce qui avait entraîné sa désorganisation et par voie de conséquence sa défaite.
Quelques jours après cette bataille et en signe de représailles, l’aviation entra en action et commença ses bombardements.
Goulmima Ksar en premier, puis, tout en épargnant Aourir et Mmou, Lhart à Tadighouste fut bombardé à son tour.
A Goulmima, les habitants se cachaient le jour dans les grottes d’Asdrem et harcelaient l’armée française la nuit car l’aviation ne pouvait pas intervenir après la tombée de la nuit.
Hammou ou Lhoussaine (père de Baddou Bouyahmidn) dont la mission était d’avertir les habitants en donnant l’alerte des qu’il entendait le bruit des moteurs des avions, fut surpris et tué par un bombardier alors qu’ils criait et demandait aux gens de se cacher.
- Le mercredi 18 novembre 1931 soit deux années et trois mois après Amglagal, l’armée française s’installe à Aghenbou sur les hauteurs qui dominent toute la palmeraie de Ghriss. Des canons furent pointés sur Goulmima Ksar, Hart, Ait Ihya ou3tmane et Wakka.
Deux événements avaient marqué cette période ou l’armée française s’est installée sur les hauteurs d’Assedrem :
Le premier événement fut la mort d’un légionnaire qui voulait viser le dôme du mausolée de Sidi M’hamd Ou3mar de Hart et qui fut déchiqueté par le retour d’obus de son canon.
Le second fut l’acte de bravoure d’un Fkih d’Ait Ihya ou3tmane qui un jour porta ses plus beaux habits et se dirigea vers les légionnaires avec une serpette (lmzbarte) sous le bernouss. Les français croyant qu‘il s’agissait d’un notable qui voulait négocier le laissèrent s’approcher. Une fois arrivé au centre de la troupe, il sortit sa serpette et commença à attaquer les soldats. La sentinelle qui n’était pas loin tira sur le malheureux Fkih et le tua.

Voyant que la prise de toute la palmeraie de Ghriss était inéluctable, plusieurs familles quittèrent Goulmima pour des localités non colonisées, certaines famille se rendirent à Aghbalou n ‘Kerdouss ou à Assoul mais les plus nombreuses se rendirent à Alnif pour combattre avec Oubaslam dans le Saghro. Parmi ces familles, je citerais celle de Zaid ou Da3li (son fils Ali ou Zaid fut né à Saghro), de Moha Berri (feu Hammou Berri qui était enfant fut touche par un éclat d'obus et eut la lèvre supérieure fendue)l, des Ait Khettouche, de Moha Ouidani , de Sidi Moh ou3oumar (khettabi) et bien d’autres.
De cette résistance de Saghro, je me contente de signaler la mort de l’épouse de Lahcen ou Idir de Marroutcha qui fut tuée par un obus alors qu’elle était en train de puiser de l’eau d’une petite source pour préparer un couscous aux moujahidine.
Et voilà, le grand mot est lâché!.
Ces combattants d’Amglagal de Saghro et de Badou sont-ils des moujahidine ou sont-ils des insoumis ?
Je répondrais sans hésitation et sans user de la langue de bois en disant qu'ils sont les deux à la fois ! Ils sont moujahidine parce qu’ils combattaient pour défendre leur liberté et leur religion qui est l’Islam, mais ils sont aussi des insoumis, car ils n'avaient jamais adhéré à l’accord signé par le roi de l’époque avec la France et qui faisait du Maroc un protectorat français. D'ou l’ambiguïté qui dure à ce jour et qui permet à certains de qualifier cette campagne de colonisation et à d'autres de pacification

Mais là ou le bat blesse , c’est que dans certaines régions, combattre l’armée française était considéré comme un acte de résistance, alors que pour Amglagal et ses combattants, leur acte a été lui qualifié d’acte d’insoumission.
Nos parents étaient-ils des insoumis ?
Ma réponse est ; Oui, tout en précisant que c'est leur qualité de résistants qui a fait d'eux des insoumis !

Ainsi va Ghriss
Goulmima le 28/06/2008

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